Réception des objets médiatiques
Co-organisé par les Universités Paris 1 (Centre de recherche en Histoire du XIXe siècle-ISOR et CHS du XXe siècle) et Paris III (CEISME)
La manifestation se déroule au Centre Panthéon, sur trois journées, sous la forme de trois séances plénières (les matins), deux séances de trois ateliers (les après midi), une table ronde (fin d’après midi du 24) et une conférence (fin d’après midi du 25).
Les actes du colloque seront publiés.
Comité d’organisation : Quentin Deluermoz, Pascale Goetschel, François Jost, Judith Lyon-Caen, Myriam Tsikounas, Sylvain Venayre.
Comité scientifique : Roger Chartier, Sabine Chalvon-Demersay, Frédéric Chauvaud, Alain Corbin, Arlette Farge, Dominique Kalifa, Michèle Lagny, Marie-Françoise Lévy, Sylvie Lindeperg, Jürgen Müller, Didier Nourrisson, Pascal Ory, Jean-Claude Schmitt, Pierre Sorlin, Bertrand Tillier.
Longtemps axée sur la production des objets culturels, la recherche en sciences sociales s’est de plus en plus concentrée sur le phénomène des réceptions et des usages. Cette approche plus dynamique et interactive a ouvert les questionnements, mais les a rendus également plus complexes : le chantier de la “réception” laisse ainsi l’impression d’une exploration ancienne, multiforme, pourtant encore marquée d’absences. Elle a déjà permis, néanmoins, de rediscuter en profondeur des notions comme celles de création, d’œuvre, et leurs significations, usages, ainsi que leurs publics et leurs horizons d’attentes.
Le colloque se propose de croiser et de prolonger ces travaux en s’intéressant à la réception des “objets médiatiques” aux XIXe et XXe siècles. L’expression désigne ici à la fois la littérature, la presse, la musique, le cinéma, la photographie, la télévision… Elle trouve sa cohérence dans la période qui couvre l’émergence, l’épanouissement et les mutations contemporaines d’une nouvelle “ère médiatique” et qui voit se renouveler, dans le même temps, les modalités de la réception, même s’il conviendra de s’interroger sur les changements de catégories à l’œuvre.
Le colloque entend à la fois laisser sa place à l’analyse historique, utiliser les travaux effectués dans plusieurs disciplines, et favoriser les échanges et les débats entre elles. Ses objectifs sont triples : proposer une mise en perspective des modes d’appréhension et des outils d’analyse ; avancer dans la compréhension située des réceptions comme de leurs évolutions ; enfin, renouveler certaines problématiques et aborder des pistes parfois délaissées par la recherche.
Trois grands axes sont proposés :
- Les discours de la réception
Il semble d’abord nécessaire de s’interroger sur la manière dont la question de la réception a pu, dans tel ou tel contexte, être posée. Il s’agira donc, d’abord, d’analyser les producteurs de normes (Église, État, milieux scientifiques et académiques, etc.) et les débats sociaux (sur la littérature criminogène, la BD abrutissante, etc.) qui, au cours de la période, ont posé la question de la réception avant que cette catégorie ne devienne un instrument de réflexion pour les études littéraires ou autres. On en viendra ensuite à l’histoire des grandes propositions théoriques qui sous-tendent les travaux contemporains (celle de Jauss et de l’école de Constance notamment, mais aussi d’autres, telles que les théories des transferts culturels), en prenant soin de les analyser dans le contexte de leur apparition afin d’éviter toute sacralisation rétrospective. Le colloque voudrait suggérer d’une part combien la question de la réception est ancienne, puisqu’elle précède l’émergence des phénomènes médiatiques ; d’autre part, créer une occasion de faire découvrir des modèles théoriques ou des manières de faire en usage à l’étranger que les chercheurs français connaissent peut-être moins.
- Les producteurs de la réception
Le deuxième axe portera plus spécifiquement sur les acteurs qui construisent, à divers niveaux, l’œuvre et la manière dont elle va être reçue. Ce travail sur les conditions de production, les modes de diffusion et de circulation des œuvres est peut-être le chantier le plus entamé des sciences sociales. Il pourrait cependant être complété par des analyses réintroduisant les inflexions chronologiques et les transformations induites par les supports. Dans une telle perspective, il faudrait d’abord s’intéresser aux conditions de production et de diffusion qui dessinent les possibilités de la réception. Il s’agira ensuite d’étudier les intermédiaires qui, depuis l’auteur jusqu’au lecteur ou au spectateur, agissent sur les productions et en construisent les publics, sans négliger les écarts possibles entre les attentes et les jugements des « professionnels » de la réception et l’accueil réservé par ces mêmes publics. Enfin, il conviendra d’aborder dans cette perspective le rôle des formats, des genres ou des circulations entre les médias.
- Usages et appropriations
Ce dernier axe s’intéresse directement à ceux qui “reçoivent” les objets médiatiques, et à la manière dont ils se les approprient et en modulent le sens. Il sera ainsi nécessaire de souligner la diversité des réceptions en fonction des groupes (selon l’âge, le sexe, le milieu social ou la culture nationale) ainsi que leurs effets. Une approche anthropologique sera également recherchée : elle visera à dégager les systèmes d’appréhensions qui, de manière certes contrastée, ordonnent les réceptions (rapport à l’écrit, à l’image, hiérarchie des sensibilités, statut de l’émotion, sens de la pudeur ou du sacré, seuil du dégoût) et leurs expressions (applaudissements, sifflements, expressions, scandales). Enfin, il sera important de s’attaquer à l’angle mort des réceptions “individuelles” : entre échelle macro et microscopique, jeux et intériorité, appropriation et usage, celui-ci constitue, en effet, un stimulant point de questionnement.
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